L’alphabet cyrillique russe. Kириллица.
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L’alphabet cyrillique russe moderne compte 33 lettres.
C’est une écriture bicamérale, c’est-à-dire qu’il existe pour chaque lettre une minuscule et une capitale.
En savoir un peu plus sur l’histoire de l’alphabet russe
Cela pourrait vous être utile si vous débutez l’apprentissage de la langue !
L’alphabet cyrillique – кириллица – est principalement utilisé pour écrire plusieurs langues des peuples slaves orthodoxes comme le biélorusse, le bulgares, le macédonien, le ruthène (langue ancienne disparue d’un peuple des carpates), le serbe, l’ukrainien, le vieux-slave, et bien entendu le russe. Les peuples slaves catholiques ayant l’alphabet latin.
Il sert également à écrire de nombreuses autres langues parlées en Russie, comme l’oudmourte (ou votiak), le khanty (ostiak), le nénètse (autre langue ouralienne) ou l’ossète, ainsi que le mongol ou même le doungane (un dialecte du mandarin, du peuple Hui). L’alphabet est alors complété par des signes ou des caractères spéciaux, destinés aux phonèmes qui n’existent pas en russe.
L’alphabet cyrillique est enfin également utilisé pour écrire des langues turcophones d’anciens pays de l’URSS, comme le kazakh ou l’ouzbek.
Pour le roumain parlé en URSS (sous le nom de « moldave »), le pouvoir soviétique a mis en place, jusqu’à 1989, l’usage de l’alphabet cyrillique russe moderne translittéré en lettres latines en Moldavie. Cet usage est valable aujourd’hui encore en Transnistrie.
L’alphabet cyrillique est essentiel pour apprendre le russe, et concerne environ 200 millions de personnes.
L’alphabet cyrillique fut inventé vers 855, et porte le nom d’un Saint-Cyrille – Кири́лл/Kiril.
Cyrille et Méthode – Мефо́дий/Méfodi – sont deux frères, natifs de Thessalonique, ville de l’empire byzantin où l’on parlait le grec et un dialecte slave.
Ils étaient issus d’une famille riche et connue. Le frère aîné Méthode était officier et, comme tel, avait passé dix ans parmi les Slaves de Macédoine. Il avait apprit la langue parlée. Ensuite, Méthode se retira sur la montagne de l’Olympe où il devint moine.
Son frère Constantin (Cyrille) se joignit à lui, puis tous deux furent envoyés chez les Khazars lorsque le roi des Khazars demanda à l’empereur byzantin Michel des prédicateurs de la foi du Christ.
Ayant convaincu le khan de la véracité de la foi du Christ, ils le baptisèrent avec un grand nombre de ses hommes d’armes mais aussi une grande partie de la population.
Après un certain temps, ils revinrent à Constantinople, où ils composèrent l’alphabet slave de 38 lettres et commencèrent à traduire les livres ecclésiastiques du grec en slave.
Sur l’invitation du prince Rostislav, ils se rendirent en Moravie, où ils répandirent et affermirent la foi orthodoxe. Ils partirent ensuite à Rome, où le pape les avait invités. Là, Cyrille tomba malade et décéda, le 14 février 869.
C’est alors que Méthode repartit en Moravie et travailla jusqu’à la fin de sa vie à l’affermissement de la foi parmi les Slaves.
Après sa mort, le 6 avril 885, ses cinq disciples, avec le saint évêque Clément à leur tête, traversèrent le Danube et se dirigèrent vers le sud, en Macédoine, où, depuis Ohrid, ils continuèrent la mission commencée par saints Cyrille et Méthode.
Une hypothèse soutient que l’alphabet cyrillique fait son apparition après le glagolitique – qui serait le plus ancien alphabet slave. Les scientifiques attribuent l’alphabet glagolitique à Cyrille.
Clément d’Ohrid, disciple enthousiaste et propagateur.
Saint, moine et écrivain de l’Empire bulgare, devenu évêque d’Ohrid, ville de l’actuelle Macédoine, il était considéré comme le premier évêque de l’Église orthodoxe bulgare, l’un des sept apôtres de l’Empire bulgare et comme le saint patron de la république de Macédoine et de l’Église orthodoxe macédonienne.
Ce serait Clément d’Ohrid qui aurait créé l’alphabet cyrillique, lui donnant le nom de son professeur pour lui rendre hommage.
L’alphabet cyrillique correspond à la composition phonétique de l’ancien slave et possède une graphie originale.
L’alphabet cyrillique remplaça rapidement l’alphabet glagolitique, d’abord en Bulgarie orientale, et notamment dans la capitale de l’époque, Preslav.
À l’école d’Ohrid l’alphabet glagolitique fut plus largement répandu, et employé plus longtemps. Il existe quelques monastères au bord de la mer Adriatique, en Croatie, où le glagolitique a été utilisé en cryptographie jusqu’au XIXème siècle.
Les ecclésiastiques vivant surtout dans la région de l’Adriatique du nord ont continué à utiliser l’écriture glagolitique jusqu’à la fin du XVIIème siècle, après quoi elle n’a été maintenue que dans la liturgie. Le dernier document en glagolitique date de la fin du XIXème siècle.
Une autre hypothèse soutient que Cyrille serait l’auteur des deux alphabets, ce qui signifie qu’il aurait traduit les principaux livres liturgiques deux fois.
En 855, il aurait créé l’alphabet cyrillique dérivé de l’écriture grecque en l’adaptant au langage slave, pour traduire ensuite les livres liturgiques – богослужeбные книги /bogasloujèbnyé knigui pour les besoins des slaves de Moravie (l’Est de la Tchéquie) où il avait été envoyé comme missionnaire.
L’œuvre de Cyrille et Méthode a été continuée par leurs disciples Clément, Naum, Anguélari, Gorazd et Sava qui, à leur arrivée en Bulgarie, ont reçu le soutien du roi Boris Ier.
Lorsque la Russie se christianise grâce à Vladimir en 988/989, l’Église russe va alphabétiser le peuple.
Saints Cyrille et Méthode ont été proclamés patrons de l’Europe en .
Dans la religion orthodoxe, le 24 mai est le jour de l’alphabet slave et des Saints-Frères Cyrille et Méthode.
Le 24 mai est une fête particulière : jour « de l’écriture, de l’éducation et de la culture, fête de l’éveil spirituel, de l’aspiration au perfectionnement ».
L’alphabet cyrillique inventé par les deux saints frères, leurs traductions des livres liturgiques en vieux-slave, la défense du droit de chaque peuple à glorifier Dieu dans sa propre langue, ont une importance historique pour tous les peuples slaves.
D’ailleurs, chaque lettre – буква – de l’alphabet russe correspond à un mot – слово. Ainsi, les trois premières lettres, А Б В correspondent à « Aзъ Буки Веди », ou en russe d’aujourd’hui : « я буквы знаю » – « je sais les lettres ». L’alphabet entier est une forme d’hommage à l’apprentissage – учение/outchénié, à la connaissance – знание/znanié, à la raison – разум/razoum et au Seigneur – Господь/Gaspot’.
L’alphabet russe va connaître deux réformes qui simplifieront beaucoup l’écriture.
La première grande réforme date de 1708, on la doit à Пëтр Вели́кий – Piotr Véliki/Pierre le Grand, qui supprime certaines lettres jugées inutiles, et modifie la forme de certaines autres pour se rapprocher de l’alphabet latin. Il va ensuite en rétablir quelques-unes pour adopter définitivement le nouvel alphabet en 1710.
Il est baptisé гражданица – grajdanitsa du mot гражданин – grajdanine/citoyen, pour le différencier de l’alphabet religieux, resté inchangé.
La deuxième réforme date de 1918 et va plus loin dans la simplification. Pour autant, le contenu de la réforme n’est pas l’œuvre du nouveau pouvoir soviétique mais d’une réforme du début du siècle, adoptée dès 1911 par le régime Tsariste.
Ainsi disparaît notamment le signe dur « ъ » – твëрдый знак/tviordy znak, qui était obligatoire après toutes les consonnes dures en fin de mots. Certaines enseignes utilisent ce signe en clin d’oeil à l’Histoire et pour singulariser leur image. C’est le cas du fameux restaurant historique Yar – Яръ – dont le fondateur était français!
Aujourd’hui, il nous restent donc 33 lettres, avec un point d’interrogation sur le Ё, qui est souvent remplacée par E sa sœur jumelle !
Il y’aurait encore beaucoup à dire au sujet de l’alphabet cyrillique ! Pour l’heure je m’arrête là, n’hésitez pas à compléter l’article avec vos commentaires.
Tenté(e) d’apprendre l’alphabet russe actuel ? Je vous invite à vous abonner gratuitement à mon blog et recevoir en cadeau de bienvenue mon guide multimédia qui vous guidera en quelques heures vers la maîtrise de l’alphabet russe et des bases de la lecture !
Bonsoir Ania
Merci pour ce texte sur l’alphabet russe , on découvre son origine .
Bon séjour à Moscow et profitez bien des vacances 🙂
Toujours fidèle lectrice de vos messages , je continue la découverte de la Russie avec vous 🙂
Merci à vous !
Bonsoir Ania, j’ai bien lu ta présentation sur l’alphabet cyrillique, c’est très juste a par quelques erreurs (suis Macédonien et Russophone)
Clément d’Ohrid il n’y était jamais Bulgare.
« Ce serait le Bulgare Clément d’Ohrid, un de ses disciples qui aurait « ……
Serait bien si tu pouvais le corriger. Большое спасибо .
Bonsoir, merci pour votre oeil attentif et pour votre correction. Je fais le nécessaire 🙂
Superbe article. Merci beaucoup Ania. Ça fait rêver. Yar, ça vaut encore le détour. Tout comme le théâtre Rom qui est juste à côté. Une belle soirée : théâtre et restau.
Merci pour ce moment de culture slave. Je connais un peu Moscou mais ne connais pas le restaurant Яръ !! L’origine des mots et leur construction et évolution au cours du temps permet de mieux appréhender une sensibilité et une façon d’être d’un peuple. C’est très important. Voire fondamental !
merci !
superbes articles merci bien ANIA amicalement GERARD.
добрый вечер Аня
Cet articles est hyper intéressant, merci de nous faire partager la culture et l’histoire de la Russie.
J’ai une question concernant l’écriture manuscrite pour la lettre д en minuscule, j’ai vu deux façons de l’écrire : une qui ressemble au « g » de l’alphabet latin et une autre qui ressemble un peu au « d » de l’alphabet latin, savez-vous pourquoi ? et quelle est la version la plus utilisée?
Merci encore Ania, pour tous vos articles, ils sont vraiment très intéressants.
Bonjour Huygue,
Celle qui ressemble au « g » latin est davantage commune et utilisée que celle qui ressemble au « d » (avec une barre courbée vers l’arrière)