Le Nouvel An est une fête enracinée dans une vieille tradition en Russie !

C’est un moment magique pour les petits et les grands ! Et si vous apprenez la langue russe, il vous faut aussi apprendre sur les traditions russes !

A cette occasion, je voudrais vous parler des deux personnages emblématiques de cette fête : Snegourotchka et Ded Moroz.

Pour rappel, la fête de la Nativité est célébrée le 7 janvier par l’Eglise orthodoxe et que Ded Moroz vient distribuer ses cadeaux …au Nouvel An !

Snégourotchka est russe. Slave. Son nom vient du mot « neige » et signifie : une fille née de la neige. Une fille faite de neige. Elle est née au début de la fête de Maslenitsa, à la fin de l’hiver. Certaines légendes disent qu’elle est née le 4 avril, dans la ville de Kostroma…

Снегурочка ух ты

Snégourotchka est un personnage qui symbolise les eaux gelées.

Elle est éternellement jeune et bienveillante. Originellement, seule la couleur blanche la pare. Ce n’est qu’au milieu du XXème siècle la la couleur bleue devient présente dans ses habits mais ceci ne correspond pas à l’image originale de cette déesse païenne blanche comme la neige dont elle est issue. Sa tête est couronnée d’une coiffe à 8 rayons brodée de perles et d’argent.

Le folkore nous dit que Snégourotchka a seize ans.

Elle est jolie, blonde, douce, gaie, très féminine et très douée pour le chant et la danse. Elle a la grâce d’un flocon. C’est la fille de Ded Moroz (le Père Noël russe qu’on pourrait traduire par Grand-Père Frimas ou encore Grand-Père Gel) et de Vesna, la déesse du printemps.

Moroz apparaît dans la tradition comme dieu de la neige et du gel à qui il commande.

Il a d’ailleurs un bâton, sur lequel il s’appuie, et avec lequel il lance du gel, lève le vent glacial et provoque des tempêtes de neige. Moroz vit dans au plus profond de la forêt dans une izba de glace. Moroz est un personnage important des rites slaves de l’hiver.

Autrefois, la veille de Noël, dans chaque famille, le doyen sortait sur le seuil de la maison et proposait à Moroz une cuillère de kissiel (1) ou de koutia (mets de rituel à base de riz et de raisin secs) et appelait Moroz qu’il priait ainsi « Moroz, Moroz! Viens manger du kissiel. Moroz! Moroz! Ne gèle pas nos récoltes! ». Ensuite, le doyen énumérait les plantes et les céréales que Moroz ne devait pas geler.

Ded Moroz porte une longue pelisse bleue maintenue par une ceinture en tissu. Il est chaussé de Valenki (bottes de feutre) et quand il n’est pas à ski ou à pied, il se déplace dans un traîneau tiré par trois chevaux.

Aujourd’hui, le Jour de l’An, Snégourotchka, qui apporte les cadeaux avec Ded Moroz est vêtue d’une robe bleue et porte dans les cheveux un kokochnik (coiffe traditionnelle).

Snegourotchka et Ded Moroz
Snegourotchka et Ded Moroz

La légende de Snégourotchka*

« Jusqu’à ses 16 ans, Snégourotchka grandit dans le royaume glacial de Moroz pour éviter que le regard de Yarilo, le dieu-soleil, ne se pose sur elle … et la fasse fondre. Car le cœur de Snégourotchka est froid, et elle fond sous les rayons du soleil.

A la fin de l’hiver, ses parents se disputent à propos de son avenir. Sa mère veut qu’elle soit libre, mais son père a peur du soleil. Ils la confient à un couple âgé. Ainsi, un matin, un vieillard et sa femme marchent dans la foret enneigée proche du village de Tobolsk (capitale historique de la Sibérie) et l’homme a envie de faire une « jeune fille » de neige (c’est quand même autre chose qu’un « bonhomme » de neige, n’est-ce pas). Les lèvres de la jeune fille de neige rougissent, ses yeux s’ouvrent et elle devient une vraie jeune fille…

Снегурочка бабушка и дедушка

Elle grandit à vue d’oeil. Bientôt le soleil du printemps réchauffe la terre et les touffes d’herbe verte commencent à apparaître. Snégourotchka se cache du soleil, cherche la fraicheur de l’ombre et offre ses bras à la pluie. Un jour, des jeunes filles du village l’invitent à jouer avec elles. Elle se joint à elles avec réticence pour cueillir des fleurs, chanter et danser avec les garçons du village. Elle se tient en retrait jusqu’à ce que Lel, un berger, lui joue de la flûte puis la prenne par la main et l’entraine dans la danse.

A partir de ce jour là, il vient régulièrement la voir. Mais, bien qu’il l’aime tendrement, il ne sent pas de réciprocité dans son cœur froid. Il la quitte alors pour une villageoise. De chagrin, Snégourotchka s’élance vers un lac au milieu de la forêt et supplie sa mère de lui donner un cœur. Aimer, même l’espace d’un instant, est plus précieux que vivre éternellement avec un cœur de glace.

La prenant en pitié, sa mère lui place une couronne de lys sur la tète et lui conseille de protéger son amour du regard ardent de Yarilo. Courant à travers les arbres, Snégourotchka va trouver Lel et lui déclare sa flamme. Pendant qu’elle parle, le soleil monte dans un ciel sans nuage, dispersant les brumes de l’aube et faisant fondre les dernières neiges.

Un rayon de soleil tombe sur elle et, dans un cri de douleur, elle prie Lel de jouer un dernier air de flûte. Il joue, tandis que le corps de la jeune fille s’enfonce dans le sol, ne laissant à la surface qu’une couronne de lys. Le soleil éveille la terre glacée d’un baiser et donne naissance aux fleurs et aux plantes. Quant à Lel, il attend chaque année les neiges de l’hiver, et avec elles le retour de sa bien-aimée. »

Ярило

Dans d’autres versions traditionnelles, la disparition de Snégourotchka est une évaporation, au moment du saut par dessus du feu, le Jour d’Ivan Coupla (l’équivalent de la St Jean d’été qui tombe le 7 juillet d’après le calendrier julien). Ce saut par-dessus les flammes était un rituel d’initiation chez les slaves païens de l’Est, à travers lequel une fille devenait une jeune fille et un garçon un jeune homme.

Pour prolonger la belle tradition de la vidéo, je partage ce merveilleux dessin animé Snégourotchka de 1952, inspiré par cette légende et utilisant plusieurs airs de l’opéra éponyme de Rimsky-Korsakov.

С Новым годом!!! Bonne année 2016 !!!

(1) Le kissiel est une boisson froide à base de fécule de pomme de terre. Pour éviter qu’une pellicule se forme sur la surface du kissiel, il faut le saupoudrer avec un peu de sucre.

Pour faire un Kissiel aux fraises :

200 g de fraises, 100 g de sucre, 2 cuillères à soupe de fécule de pomme de terre, 1 litre d’eau

Laver, équeuter et mixer les fraises. Faire bouillir 500 ml d’eau avec le sucre. Délayer le fécule dans l’eau restante et verser dans le sirop en remuant. Verser la purée de fraises, bien mélanger et laisser refroidir.

Pour faire un Kissiel au miel :

0,6 l d’eau, 160 g de miel, 2 cuillères à soupe de fécule de pomme de terre

Faire bouillir 0,5 l d’eau avec 80 g de miel. Délayer le fécule de pomme de terre dans l’eau restante et verser dans l’eau bouillante tout en remuant, porter à ébullition. Hors du feu ajouter le reste du miel, verser dans les ramequins individuels et laisser refroidir.

*Selon Alexandre Afanassiev, (Александр Николаевич Афанасьев), écrivain russe qui a rassemblé et publié presque six cents contes traditionnels, dont des contes merveilleux, ce qui constitue de loin la plus grande collection de ce genre jamais publiée. Son premier recueil paraît en huit fascicules entre 1855 et 1867, et lui vaut d’être comparé aux frères Grimm.

Pour vous aussi ce Nouvel An s’enracine dans la tradition ?

N’hésitez pas à nous faire plaisir et à partager vos récits et vos souvenirs dans les commentaires !