L’écrivain russe Mikhaïl Boulgakov. Михаил Афанасьевич Булгаков
Vous qui apprenez le russe, vous savez sûrement qu’à la plume de cet écrivain appartient le roman préféré de mes compatriotes.
Mikhaïl Boulgakov, né en 1891 à Kiev et mort en 1940 à Moscou, où plusieurs lieux nous rappellent son œuvre et témoignent de l’amour que les russes lui portent.
Contemporain par l’âge de Pasternak ou Maïakovski, il devient écrivain sur le tard, en 1920, après avoir été contraint d’abandonner sa profession de médecin à cause de la guerre civile.
Quand il arrive à Moscou en 1921, Bulgakov est un inconnu ayant dix ans de retard sur les écrivains de sa génération.
Médecin de campagne et de l’armée blanche pendant la Guerre civile, puis fonctionnaire, Bulgakov est issu d’une intelligentsia provinciale qui l’a tenu à l’écart des renouveaux littéraires (symbolisme, acméisme, futurisme) du début du XXe siècle.
Il n’a pas appartenu au groupe anti-académiste des « Frères de Sérapion » fondé en 1921, à son arrivée à Moscou, et n’a pas non plus fait partie des « compagnons de route » (dénomination qui protégea un temps les écrivains sympathisants du régime).
C’est le journalisme satirique qui le conduit à la littérature.
Il publie de courts récits fantastiques caricaturant de façon virulente les mœurs de la NEP, et qui expriment sa vision négative de la société nouvelle (la Diaboliade, 1924 ; Cœur de chien, 1925). Il décrit par ailleurs le plus objectivement possible la guerre civile en Ukraine dans son roman Garde blanche (1925), posant le problème de l’engagement des intellectuels.
Cette même année paraît dans le journal Meditsinski Rabotnik son récit Morphine. C’est la dernière publication intégrale d’une œuvre de Bulgakov. Sa pièce la Fuite (1928), sur l’inéluctable faillite des Blancs dans la guerre civile russe, sera lue au Théâtre d’art de Moscou en présence de Stanislavski puis immédiatement interdite.
Il devient la cible d’attaques et d’interdictions, et ses pièces (les jours des Tourbine, l’appartement de Zoïka) sont retirées du répertoire. Interdit de vivre de son métier d’écrivain, il écrit à Staline et lui demande l’autorisation de quitter l’URSS, sans succès.
C’est en 1929 qu’il rencontre Elena Sergueïevna Chilovskaïa, femme d’un officier de l’Etat-Major, qui deviendra sa troisième épouse et le modèle de Marguerite dans Maître et Marguerite.
Bulgakov ne pouvant émigrer, vit comme il peut d’un poste de metteur en scène au MKhAT (1930-1936). Il se consacre à l’étude des rapports entre l’artiste et le pouvoir, dénonce la censure dans une pièce satirique (L’île pourpre, 1928), avant de méditer dans des drames historiques sur Molière (1936) ou Pouchkine (1940). Dans son Roman théâtral (1937) il se livre à une satire acide du monde littéraire moscovite.
Maître et Marguerite, synthèse de tous les thèmes qui lui sont chers, sera publié 26 ans après la mort de l’auteur. Le roman emprunte au fantastique, aux mythes réactivés de Faust et au Christ, pour démystifier la période stalinienne et confronter l’amour et la création à une société hostile et mortifère.
La Russie découvre (dans une version très largement censurée) Le Maître et Marguerite, son œuvre majeure, qui avait fait l’objet de tant de réécritures, dans le numéro 11 de décembre 1966 et le numéro 1 de janvier 1967 de la revue Moskva (« Moscou »). La première version non censurée paraîtra à Francfort, en Allemagne, en 1969.
Isolé, muselé, invectivé (traité de « bourgeois » pour avoir pris la défense de Pouchkine…), Boulgakov travailla à sa postérité.
Les conditions étaient réunies pour que naisse un mythe : peu à peu de l’ombre des ouvrages – récits, romans, théâtre – dont la somme constitue un acte de foi dans les plus hautes valeurs humaines. Son œuvre est un chant né du silence.
En Russie, il faudra attendre 1973 la première édition des Œuvres de Boulgakov, dans leur majeure partie, sinon dans leur totalité, paraît en cinq volumes à Moscou en 1989-1990, pendant la Perestroïka. Depuis, elles ne cessent de s’enrichir au fur et à mesure des rééditions.
Et pour vous faire voyager dans Moscou de Boulgakov, je vous propose une très courte vidéo tournée dans le lieu où se passe la première scène (d’anthologie !) de « Maître et Marguerite ».
Vous apprendrez par la même occasion une phrase du roman, et pourrez ainsi épater vos connaissances russes 🙂
Les étangs du Patriarche à Moscou, sur les traces de Boulgakov !
Leçons dans la même catégorie
Aucun résultat
La page demandée est introuvable. Essayez d'affiner votre recherche ou utilisez le panneau de navigation ci-dessus pour localiser l'article.
Comme toujours d’excellents articles.
Quel bonheur de pouvoir découvrir toute cette merveilleuse culture Russe.
Toutes ces oeuvres enivrantes et éternelles.
Votre blog par sa qualité et avec autant de richesse d’informations est vraiment unique.
très bon article, « le maitre et margueritte » est un de mes livres préferés je l’ai lu environ 8 fois déjà.
Très belle présentation de cet immense auteur. Quelle vie difficile fut la sienne… Un incontournable à connaître absolument ! Merci beaucoup encore une fois, chère Ania.
Cet auteur est un de mes auteurs favoris (avec Tchekov et Maupassant) J’envisage, pour Le maître et Marguerite de présenter une lecture à voix haute avec parties contées.
C’est vrai Ania je suis d’accord, votre blog a quelque chose d’unique et de généreux; De Russe, profondément.
Merci. Je manque de dons pour apprendre la langue de ma mère.
Спасибо большое, Лания! Ben à vous et : persévérez !
Аня
Pas encore lu! Je vais m’y mettre de ce pas!!! Merci pour cette vidéo!