Le souvenir que j’en garde : une petite trainée dans un ciel étoilé et un BIP-BIP caractéristique…

…qui auront sans doute été décisifs dans le choix d’une seconde langue plus tard au lycée, mon vocabulaire Russophile s’enrichissant entre temps de mots comme Laïka, Saliout, Gagarine et autres Soyouz ou Proton made in CCCP. La conquête de l’espace a très certainement été le moteur  de mon intérêt pour la langue de Pouchkine. Ensuite, au lycée, un professeur de Russe, formidable pédagogue, a su nous faire aimer Tourgueniev ou Eisenstein, avant que, malheureusement, la « crise d’ado » m’éloigne longtemps de cette culture et de cette langue. Ce n’est que beaucoup, beaucoup plus tard que le goût des voyages pour des pays lointains m’aura permis de renouer avec la langue russe et la Russie ; j’ai donc ressorti, non sans émotions, mes vieux bouquins du lycée qui tombaient en poussière, comme de vieilles reliques. Puis j’ai acquis d’autres méthodes d’apprentissage plus rapides, mais il me manquait la sonorité de cette belle langue; et Dieu sait combien la prononciation et l’accent tonique sont primordiaux en Russe.   La Magie d’ Internet, après plusieurs expériences infructueuses, m’a amené a découvrir le blog « Apprendre le Russe avec Ania ». Je pense avoir eu la chance de faire partie des premiers élèves d’Ania  qui a eu le génie de s’adapter exactement à ce que je recherchais : des échanges conviviaux en petits groupes de 4, plutôt que des cours magistraux, mais aussi de la rigueur, de la méthode, avec des thèmes bien choisis, ciblés sur nos centres d’intérêts Ainsi j’ai pu retrouver un niveau, certes basique, mais suffisant pour effectuer un périple de 2 mois à travers l’Europe de l’Est  en Camping-car en totale autonomie, dont 3 semaines en Russie: Moscou, l’anneau d’or et Saint Petersbourg au printemps 2015. Un voyage pour longtemps gravé dans ma mémoire. Entre autres, l’arrivée sur la place rouge le jour de la fête des Pionniers, j’ai cru rêver, être revenu 30 ans en arrière, avec tous ces enfants en costumes régionaux traditionnels des 4 coins de la grande Russie, défilant le drapeau rouge à la main devant le tombeau de Lénine au rythme de chants Staliniens ! Même si l’on ne partage pas ces thèses, on est saisi devant tant de ferveur. Ils sont là pour témoigner de leur attachement à la patrie (et accessoirement au Parti). Peut-être plus encore impressionné par les chants grégoriens avec leurs basses profondes dans la chapelle du haut de Basile le bienheureux, là ce sont les poils qui se mettent au garde à vous. Que d’émerveillement aussi face aux bulbes multicolores et aux églises en bois debout à Souzdal. Et puis les échanges parfois difficiles dans de petits villages, éloignés de tout, à la recherche d’un point d’eau, on a le sentiment que les gens vous donneraient leur chemise (enfin pas tous, faut pas exagérer non plus). La plupart se sont montrés attentionnés, bienveillants. La liste de souvenirs et d’émotions pourrait encore être longue. Ensuite Ania a réuni quelques uns de ses élèves  un Week-End en Savoie avec pour thèmes la cuisine, la musique et bien sûr la langue Russes, que de bons moments partagés autour du hareng sous sa pelisse ou d’un Borch et d’une « goutte » de Vodka. Mais cela ne suffisait pas à mon bonheur, je voulais voir Moscou sous la neige. Là encore Ania a été magique, emmenant avec sa petite famille, quelques uns de ses élèves pour Maslenitsa découvrir Moscou illuminée, en fête, apprécier un Bania (chez Sandouni), faire du patin à glace sur la plus grande patinoire du monde au VDNKh, prendre le train pour Vladimir puis le Bus pour Souzdal, encore une multitude d’expériences inoubliables. Bref, si pour avoir le sentiment d’avoir vécu il faut avoir accompli ses rêves, alors je pense avoir fait un bon bout de chemin (même si j’espère que la route soit encore longue) !